J'ai commencé à peindre très jeune, à l'École du Père Castor où j'ai pu rencontrer dans leur atelier les illustrateurs des albums : Gerda Muller (Marlaguette), André Pec (Amo le peau-rouge) et surtout Pierre Belvès (Roule galette) qui s'est attaché à moi et qui est devenu mon professeur jusqu'à ce que je quitte l'école. Stimulé par l'environnement, j'éprouvais à cette époque un besoin intensif de peindre et dessiner — jusqu'à sept heures par semaine, plus ce que je faisais chez moi.

L'entrée en sixième, dans un cadre scolaire plus classique, a éteint cette envie et je n'ai plus dessiné ou peint que de temps en temps. Mais à vingt ans, fréquentant des artistes peintres,  je me suis inscrit à un atelier de Montparnasse pour travailler sur le modèle vivant et la composition. Mon professeur était un admirateur de Jacques Villon (le frère de Marcel Duchamp) qu'il a connu. Il m'a appris à regarder attentivement le sujet, "le motif", et à chercher les lignes de forces qui structurent le tableau, même si c'est aux dépends du réalisme. Le motif n’étant qu'un prétexte à peindre.